Ein echter Christkindlsmarkt

Alors qu’un rabotage culturel associé à un coup de boost mercantile, font sombrer celui de l’autoproclamée Capitale de Noël, dans le politiquement correct et le capitalisme triomphant, le Marché de Noël de Baden-Baden conserve son caractère authentique.

Le très conique Weihnachtsbaum du Kurgarten, rappelle qu’il n’est pas nécessaire d’abattre un arbre pour la circonstance. Foto: Jean-Marc Claus 2023

(Jean-Marc Claus) – Classé au nombre des plus jolis Marchés de Noël d’Allemagne, le Christkindlsmarkt de Baden-Baden, ville se trouvant à une soixantaine de kilomètres au nord de Strasbourg et une dizaine de la frontière franco-allemande la plus proche, garde au fil du temps un caractère authentique, en voie de disparition chez certains de ses homologues, dont le très célèbre Christkindlsmärik strasbourgeois. A Baden-Baden, on est un peu dans le même esprit que le Mittelalterlicher Weihnachtsmarkt de Durlach, certes très thématique, mais également sans prétention nombriliste, à contrario de celui de l’autoproclamée Capitale de Noël.

L’essentiel du Christkindlsmarkt de Baden-Baden se déroule au Kurgarten, un vaste espace très aéré, entouré d’une allée circulaire, tout au long de laquelle se trouvent les chalets. Autre particularité, la période d’ouverture vadu 23 novembre au 6 janvier, l’Épiphanie étant un jour férié dans le Bade-Wurtemberg. Ce qui n’est pas le cas dans tous les Länder. Cette année, il y a possibilité de visite guidée, en allemand tous les jours, en français le vendredi et en anglais le samedi. Un parcours durant lequel des dégustations sont proposées, d’où son coût.

Mais venir au Christkindelsmarkt de Baden-Baden, c’est aussi se plonger dans l’histoire d’une ville liée à la Russie depuis plus de deux siècles, donc bien avant l’existence de l’actuelle Fédération de Russie et son belliqueux président. Ce rappel historique, comme pour d’autres pays du monde actuellement dirigés par des tyrans, est particulièrement nécessaire pour ne pas amalgamer populations et chefs d’États.

Dès le XVIIIe siècle, les unions entre nobles de Baden-Baden et membres de la famille des tsars, ont abouti à l’installation d’une population russe, qui aujourd’hui représente environ 2% des habitants, auxquels s’ajoutent des réfugiés de la récente guerre russo-ukrainienne. Baden-Baden est donc l’une des villes allemandes qui accueille le plus de réfugiés de ce conflit se déroulant aux portes de l’Europe. Ce qui, dans l’esprit de Noël, renvoie à l’histoire d’un couple qui il y a deux millénaires, cherchait désespérément un abri au Proche-Orient, sur une terre qu’il conviendrait aujourd’hui de qualifier d’israélo-palestinienne, pour ne vexer personne.

L’esprit de Noël est aussi perceptible dans les créations artistiques, que sont les diverses crèches exposées (Krippenausstellung) dans la Trinkhalle. Un élément qui a disparu du Christkindlsmärik strasbourgeois, comme le soulignait très justement Simone Morgenthaler il y a peu. Des concerts ont lieu régulièrement sur le podium de la Himmelsbühne, et pour les gourmands en mal d’originalité, les « Gourmet-Iglus » accueillent midi et soir leurs clients sur réservation, le temps de déguster une raclette ou une fondue.

C’est le soir que le slogan « Eingebettet in die wunderschön illuminierte Kulisse von Kurhaus und Casino, gemeinsam feiern und genießen. » prend tout son sens, et l’illumination dutrès conique Weihnachtsbaum du Kurgarten, rappelle qu’il n’est pas nécessaire d’abattre un arbre pour la circonstance. Par ailleurs, même lorsque la densité humaine du lieu s’accroît, le site reste vivable et il est toujours possible de s’en extraire un peu, pour faire un petit crochet au centre-ville, juste assez in weihnachtlichen Farben.

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