#FreeFariba : Là bas…

Chaque 16 du mois, Eurojournalist apporte son soutien à Fariba Adelkhah par un article lui étant consacré et/ou parlant de l'Iran.

Le barrage d'Ekbatan en Iran - là-bas, c'est immensément beau... Foto: Amir Pashaei / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – L’Iran, un pays lointain dont j’ai entendu parler pour la première fois en 1973. J’avais neuf ans et celui qui nous le racontait était notre nouvel instituteur. Un enseignant qui, avant d’entrer dans la carrière avait, entre autres expériences, fait la route en compagnie d’une poignée d’amis, à bord d’une 2CV. La route, c’était celle des Indes qui à l’époque en conduisait certains jusqu’à Katmandou, ou en faisait s’arrêter d’autres bien avant, comme le rapporte Paulo Coelho dans « Hippie ».

Je ne saurais plus dire si Laurent, notre instituteur, était allé jusqu’au Népal, mais de l’Iran et de l’Afghanistan, deux pays associés depuis dans mes représentations, il nous en avait parlé. J’en garde en mémoire cette étrange combinaison d’adverbe et d’adjectif formulée ainsi : « Là bas, c’est immensément beau… ». Ce qui est immense ne peut être seulement beau, pensais-je alors dans ma petite tête d’adolescent. Si c’est immense, c’est forcément au moins magnifique ! Il me fallu bien des années pour comprendre. Comprendre que l’immense, rend la simplicité du beau plus que magnifique.

Laurent avait commencé à ouvrir nos esprits, à élargir nos horizons. En deux années d’école, nous ne sommes pas allés souvent en Iran, mais quand en 1979, j’ai vu à la télévision une révolution qui n’avait pas grand chose à voir avec celle de 1789, je me suis demandé si avec tout cela, là-bas, ça allait toujours être immensément beau. Fariba Adelkha répondra très certainement par l’affirmative. Si non, pourquoi aurait-elle envisagé début juin 2019, randonner dans le désert en compagnie de son compagnon Roland Marchal venu la retrouver pour quelques jours à Téhéran ?

La suite de cet épisode de l’histoire de Fariba et Roland, nous l’avons rapporté dans de précédents articles. Roland est libre depuis le 20 mars 2020. Fariba, victime elle aussi de la « diplomatie des otages » a été condamnée le 16 avril à cinq ans de prison ferme pour « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale » et un an pour « propagande contre le régime ».

De son expérience de la Route des Indes Paulo Coelho tire, entre autres enseignements : « Quand on a confiance en soi, on fait confiance aux autres. Parce qu’on sait intimement que le jour où on sera trahi – et cela arrivera, c’est dans la nature du monde –, on aura les moyens de se défendre. Courir des risques fait partie des choses qui donnent du sel à la vie. » (in « Hippie » 2018). La confiance en soi, c’est aussi ce que nous avait enseigné Laurent, qui n’avait rien d’un hippie. La confiance en soi, c’est ce que nous démontre Fariba qui, dans les murs de la prison d’Evin, ne renonce pas. Et ça, là bas, c’est immensément beau…

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