#FreeFariba : Soleimani vaut bien buste !

Le général Qassem Soleimani, dont le buste figure à l’entrée du terrain de football d’Ispahan, a récemment provoqué l’annulation d’un match contre l’équipe de Djeddah, a, par sa mort, rendu un immense service au pouvoir iranien.

Détesté un temps, une fois abattu par un drone étasunien, Qassem Soleimani est devenu un martyr... Foto: Qassem Soleimani, Mohammadhosein Movahedinejad / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0

(Jean-Marc Claus) – Le 3 janvier 2020, un drone de l’armée étasunienne opérant en Irak, avait, selon la terminologie militaire, neutralisé le général iranien Qassem Soleimani, en le frappant mortellement à la sortie de l’aéroport de Bagdad. Dans la ligne de mire du président Donald Trump, dont le mandat s’achevait un an plus tard, le commandant de la Force Al-Qods dédiée aux opérations dites non conventionnelles, ainsi qu’aux opérations extérieures, avait joué un rôle dans le moment de tension opposant les deux pays durant treize jours, de décembre 2019 et janvier 2020.

A cette époque, dix jours après la mort de Qassem Soleimani et quatre après la fin de la crise USA-Iran, le premier cas de Covid-19 était détecté hors de Chine. La succession d’événements générés par la pandémie, a d’une certaine manière, fait oublier le moment particulièrement critique des relations Iran-USA. Ainsi, lorsque récemment, le 2 octobre 2023, la rencontre footbalistique entre les clubs Al-Ittihad Jeddah FC (Djeddah) et Sepahan SC (Ispahan) fut annulée du fait des Saoudiens, choqués par la présence d’un buste de Qassem Soleimani à l’entrée du terrain, des éléments de la crise de décembre 2019 – janvier 2020 refirent surface dans certains médias.

Preuve supplémentaire, si besoin en était encore, que politique et sport sont dissociables seulement dans l’esprit de grands naïfs, et qui plus est, lorsqu’il s’agit de géopolitique. Par ailleurs, la crise dite américano-iranienne de 2019-2020, dont les 56 morts suite à la bousculade lors des funérailles du général Soleimani à Kerman le 7 janvier 2020, furent des victimes collatérales, au même titre que les 176 personnes embarquées sur le vol 752 d’Ukraine International Airlines abattu « par erreur » le 8 janvier 2020, a en définitive coûté la vie à plus de civils que de militaires (232 vs 44).

Précédemment, le 14 septembre 2019, les installations pétrolières saoudiennes d’Abqaïq et de Khurais avaient été l’objet d’attaques sophistiquées par des drones et des missiles. Revendiquée par les rebelles yéménites Houthis, la responsabilité de ces actions a fait peser de très forts soupçons sur le Hezbollah irakien cornaqué par les Gardiens de la Révolution Islamique. Or, qui était alors en charge de la Force Al-Qods ? Le général iranien Qassem Soleimani, mais ce n’est pas tout.

En Iran où les USA sont exécrées depuis 1979, la fin de l’année 2019 fut marquée par des manifestations anti-gouvernementales. Des portraits de l’ayatollah Khomeini ainsi que du général Soleimani furent même brûlés. La reprise en main du pays était, pour le pouvoir iranien, d’une impérieuse nécessité s’il voulait se maintenir en place. Or, le 3 janvier 2020, la mort du général Soleimani ainsi que de neuf autres militaires iraniens, en représailles d’une attaque du Hezbollah iranien contre l’ambassade étasunienne de Bagdad survenue le 31 décembre 2019, provoqua une onde de choc sur tout le pays.

On peut dire a posteriori, qu’en signant l’arrêt de mort de général Soleimani, Donald Trump a rendu un immense service aux mollahs. Un comble pour celui qui se prétend maître dans « The Art of the Deal » ! Mais il lui fallait aussi donner des gages, à son « friend MBS ». Comme quoi, le devenu célèbre aphorisme d’Anatole France « On croit mourir pour la patrie on meurt pour des industriels » extrait de son courrier à Marcel Cachin, alors directeur de l’Humanité, demeure d’une incroyable justesse.

Tous les 16 du mois, Eurojournalist(e) publie un article qui parle de Fariba Adelkhah et/ou de l’Iran et ce, jusqu’à la libération définitive de cette scientifique franco-iranienne qui n’est toujours pas libre de rentrer en France.

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