Faut-il encore se mobiliser le 31 janvier 2023 ?

La pédagogie macroniste compte bien sur la démobilisation, pour faire passer son projet antisocial de réforme des retraites.

Le gouvernement et le président doivent se heurter à un mur. Foto: Grzegorz W. Tężycki / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – A quoi bon faire grève et manifester le 31 janvier prochain, puisque Emmanuel Macron fait tout de même ce qu’il veut, entend-on assez couramment, malgré l’incontestable réussite de la mobilisation du 19 janvier dernier. Or, c’est bien sur ce genre de raisonnement que compte le pouvoir, pour, à force de prétendue pédagogie, démobiliser celles et ceux s’opposant à une réforme des retraites que 68% des Français refusent.

Dans la pratique macroniste quotidienne, la pédagogie est une méthode d’enfumage des classes moyennes et populaires, destinée entre autres escroqueries, à faire passer des réformes prétendues nécessaires, comme notamment celle des retraites, alors qu’elles n’ont pour seul but que de liquider l’héritage du Conseil National de la Résistance. Démarche révélatrice d’un total mépris de classe, présupposant que les gens modestes ne sont pas naturellement assez intelligents pour saisir quelques notions élémentaires de la pensée complexe jupitérienne.

Mais pourquoi liquider l’héritage du Conseil National de la Résistance, alors que, selon les pédagogues de cette réforme, il est question de sauver le système et de moderniser la France ?

Alors que durant la Seconde Guerre Mondiale, des grands patrons préférant Hitler plutôt que le Front Populaire, collaborèrent joyeusement avec les nazis, à la Libération en France, un Gouvernement constitué de ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, remit très sérieusement les pendules à l’heure, avec un programme imaginé par la Résistance. Un programme nommé aussi « Les Jours heureux », dont sont issues notamment la retraite par répartition et la Sécurité Sociale.

Forcément, les vaincus, c’est-à-dire les puissances d’argent, durent l’accepter, même si avec son Plan Marshall, le co-libérateur étasunien s’assura un substantiel retour sur investissement. Mais le Kapital ne renonce jamais, car le tote Arbeit (travail mort) qu’il est, ne vit qu’en vampirisant le lebendige Arbeit (travail vivant). Sans le travail des masses laborieuses, le Kapital meurt tout simplement, car il ne sait pas subvenir lui-même à ses propres besoins.

Mettant en avant les riches, pour que le peuple se criminalise en les molestant, le Kapital se protège avec un appareil répressif à la botte de la haute bourgeoisie. Il est dont totalement contre-productif, et au passage terriblement inhumain, de procéder à de tragiques prises d’otages comme l’ont fait sottement en leur temps les Brigate Rosse et la Rote Armee Fraktion. Pour qu’un gouvernement plie, seule la mobilisation massive des citoyens est efficace.

L’actuelle crise de la démocratie, rend un fier service aux tenants de l’autoritarisme, dissimulé en ces temps de macronisme sous un vernis de communication appelé pédagogie. La démocratie étant étymologiquement parlant, la puissance et l’autorité (kratos) du peuple (demos), ainsi n’est-il pas anodin de voir des gouvernants pérorer en affirmant que ce n’est pas la rue qui fait la loi, en clamant que les grévistes prennent le pays en otage et l’habituelle doxa reprise par nombre d’éditorialistes qui ont leurs ronds de serviettes au Dîner du Siècle.

La mobilisation du 31 janvier 2023, contribuera à faire se heurter à un mur l’actuel gouvernement et le président, surtout si elle est supérieure à celle du 19 janvier. Ainsi, celles et ceux qui le peuvent, ont tout intérêt à se mettre en grève et à descendre dans la rue. La retraite, c’est encore très loin pour certains, mais comme l’expliquait un vieux syndicaliste à un lycéen perplexe lors des manifestations contre la réforme sarkozyste de 2010 : « Si, quand tu seras vieux, tu ne pourras pas vivre décemment du salaire différé qu’est la retraite par répartition, tu vas tout simplement crever mon garçon ! ».

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste