La basurera d’El Médano

Sur une plage du sud de Tenerife, un surprenant personnage incite à réfléchir et par son engagement, donne surtout l’exemple...

El Médano, une des plus belles plages du sud de Tenerife. Foto: X3m / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Connue comme l’une de plus belles et agréables plages de la côte sud de Tenerife, fréquentée par les familles, mais aussi sur une partie par des Kitesurfeurs et véliplanchistes, son sable gris et son eau claire font souvent référence dans les guides touristiques. Offrant la vue sur la Montaña Roja devenue réserve naturelle en 1992, cette plage est remarquable à plus d’un titre, et c’est là qu’un journaliste du « Diario de Avisos », plus ancien quotidien de l’île, a rencontré Loly en septembre dernier.

Une double page est consacrée à cette quadragénaire galicienne, se rendant le plus souvent possible à Tenerife afin de, pour des raisons médicales, bénéficier du climat. Maintenant connue de tout le voisinage résidant au village d’El Médano, se trouvant à quelques kilomètres de l’aéroport Reina Sofia (TFS), Loly parcourt quotidiennement et inlassablement la plage, qu’elle nettoie en y ramassant mégots abandonnés par les visiteurs, plastiques et autres déchets que l’océan ramène à chaque marée.

Un travail sans fin, qu’elle accomplit d’une étrange manière, suscitant toujours l’étonnement puis la curiosité. Atteinte d’une maladie rare, le syndrome d’Ehlers-Danlos. diagnostiqué il y a quatre ans, elle ne peut se baisser sans risques et douleurs. Alors, pour accomplir sa tâche, Loly se sert de ses pieds devenus quasiment aussi habiles que ses mains. Passage après passage, de 10h00 à 20h00, elle collecte tout ce que la plage recèle de déchets, qui sont ensuite déposés avec application dans divers bacs de tri. Une contribution précieuse à la propreté des lieux, qu’elle partage avec quelques autres personnes également investies.

L’exemple qu’elle donne est ce qu’on nomme en Espagne « una historia de superación », la presse le met en exergue car le public apprécie toujours ce genre de bonnes nouvelles. D’où une double page avec quatre photos et Augustín González, le journaliste rapportant cette histoire, s’y prend à merveille pour susciter l’intérêt du lecteur et distiller savamment les informations, pour le tenir en haleine jusqu’au bout du récit. Un article qui fait vraiment du bien, et dans lequel le personnage principal se montre d’une grande modestie.

Loly que son mari Óscar surnomme affectueusement, car elle s’en amuse la première, « la basurera d’El Médano » (la poubelle d’El Médano), donne sans aucune prétention une admirable leçon de vie ou en version espagnole, « una lección de superación » (une leçon de dépassement). Le couple de Galiciens, uni depuis vingt ans, envisage de s’installer définitivement à El Médano. La maladie de Loly l’a contraint d’arrêter son travail d’opératrice téléphonique, et Óscar étant à son compte dans la fourniture d’articles pour bateaux de pêche, le projet reste envisageable.

Après avoir supporté vaillamment plusieurs interventions chirurgicales, dont certaines dans l’urgence, s’accommodant des handicaps découlant de sa maladie, Loly a su trouver une place au soleil qui lui fait tant de bien, et elle en profite pour se rendre utile à la planète ainsi qu’à la collectivité. Voilà ce qu’en Espagne on nomme « una historia de superación », qui fait porter sur le handicap et l’altérité, un regard bien plus humain et fraternel que dans d’autres pays comme par exemple la France, fille aînée de l’Église et patrie des droits humains…

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