La fabrique des abrutis – Économie de guerre ?

Contrairement à la Fédération de Russie, la France n’est pas encore entrée dans une économie de guerre, claironnent politiques belliqueux, éditorialistes infatués, consultants hors-sol et autres doctes individus prétendument autorisés...

Pour qui travaille l’économie de Guerre ? Là est la question... Foto: Fibonacci Blue / WikimediaCommons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Depuis des mois, entendons-nous de plus en plus comme un reproche, que la France, contrairement à la Fédération de Russie, n’est pas encore entrée dans une économie de guerre, ce qui s’avère aujourd’hui particulièrement inquiétant, avec un président toujours plus belliciste à l’Est de l’Europe. Comme s’il comptait secrètement sur une extension vers l’Ouest du domaine de la guerre, pour, par un tour de passe-passe dont il a le secret, ajourner les élections de 2027 afin de se maintenir au pouvoir. Mais bien sûr, jamais ô grand jamais, une telle idée lui viendrait à l’esprit…

Étonnamment, les politiques belliqueux, éditorialistes infatués, consultants hors-sol et autres individus prétendument autorisés, qui parlent doctement de cette économie de guerre, ne sont en aucun cas celles et ceux qui vont la subir. Comme d’ailleurs lors de chaque conflit armé, qu’il soit local, régional ou mondial. La guerre profite toujours aux mêmes, et coûte toujours aux mêmes. Faut-il encore le rappeler ?

Il semblerait que oui, car « La Chanson de Craonne », est infiniment moins connue et chantée que la très martiale « Marseillaise ». Mais faut-il encore s’en étonner, dans une société où la mélodie du « Moorsoldatenlied », est considérée comme celle originale d’un hymne plus contemporain ? Loin de donner dans la rengaine passéiste du « Tout fiche le camp ! », il s’avère néanmoins nécessaire de questionner le rapport de nos concitoyens à l’Histoire.

De nos concitoyens, mais aussi de ceux qui actuellement dirigent tant la presse mainstream, que le pays dit des Lumières sombrant malheureusement, de plus en plus, dans un certain obscurantisme. Cet obscurantisme qui sur toile de fond nationaliste, a notamment généré les deux Guerres Mondiales. Périodes durant lesquelles justement, toute l’économie était orientée vers et conditionnée par la guerre.

Ce qui entre autres veut dire, argent public destiné prioritairement à l’effort de guerre, pouvoir d’achat de la plupart des ménages très fortement réduit, conditions de vie d’une très large part de la population inévitablement dégradées, progrès social cédant la place à la régression sociale. Mais aussi réduction drastique des libertés individuelles, ce qui ne relève pas de l’économie, mais va de pair avec les mesures précédemment citées, afin de garantir leur efficacité.

Au mois de février, en totale symbiose avec les attentes exprimées dans le discours aux armées prononcé par le Président Emmanuel Macron en janvier, le Ministre des Armées Sébastien Lecornu affirmait que l’industrie française a partiellement basculé dans un modèle de type économie de guerre. Une formule introduite tel un élément de langage, dans les propos présidentiels depuis la mi-2022.

Comme quoi, les spin doctors des consulting agencies, payées rubis sur l’ongle avec l’argent du contribuable, planchent efficacement sur le sujet depuis déjà un bon moment. Ainsi, à la mi-mars de cette année, le supposé ballon d’essai de la non-exclusion de l’envoi de troupes au sol en Ukraine, n’est-il absolument pas un ballon d’essai, mais bel et bien une très adroite manœuvre de propagande.

De propagande, car sans propagande, l’économie de guerre ne tient pas. Même de l’autre côté de l’Oural, où plus que de simples vœux pieux, les libertés individuelles ne sont que vues de l’esprit, l’intoxication et la neutralisation de toute pensée personnelle reste nécessaire. Ce n’est pas parce que l’Elysée n’a ni la marge de manœuvre ni les moyens du Kremlin, que le président français est pour autant totalement démuni.

Porté au pouvoir par les puissances d’argent en 2017, maintenu de justesse en 2022, il peut toujours compter sur ses amis capitalistes, par nature profiteurs de guerre mais aussi de crises comme lors de la pandémie de Covid-19, pour intoxiquer les esprits et manipuler l’opinion publique avec un catéchisme belliciste, qu’il a l’ineffable don de prêcher à la manière d’un télévangéliste étasunien.

« Homo sum, humani nihil a me alienum puto », ne s’applique malheureusement pas à Jupiter, car s’il est incontestablement un homme, son humanité très largement pervertie par le monde des affaires où « Le loup de Wall Street » fait référence, n’a cure des petites gens. C’est-à-dire ce ceux qui sont toujours les premiers et les plus impactés, tant par l’économie de guerre que par la guerre elle-même.

Dans la fabrique des abrutis, les officines propagandistes et les usines d’armement tiennent toujours une place de choix. La nationalisation des usines de l’industriel collaborationniste Louis Renault, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, n’a aucunement épongé à posteriori, la dette du pays envers les souffrances des Munitionnettes et des Gueules Cassées de la Première.

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