Niederschaeffolsheim. La vie. La vraie. (10)

Pour leur troisième édition, les « ratsche » ont cette année affronté la pluie, mais cela n’a pas pour autant rendu maussades les participants à cet événement.

Un moment intergénérationnel apprécié par tous ses participants. Foto: Jean-Marc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – S’il est vrai que la commune de Niederschaeffolsheim se projette dans l’avenir, notamment avec l’extension raisonnée de ses lotissements, l’attachement à l’Histoire tient aussi pour ses élus une place importante, comme en témoignent la création de la Place des Incorporés de Force inaugurée le 25 août dernier, et le 15 septembre prochain, la commémoration de la libération du trio de villages formé avec Batzendorf et Wahlenheim, qui donnera lieu à un événement de grande ampleur. Un gros dossier dont le premier adjoint Patrice Nonnenmacher, passionné par cette période de l’Histoire, a la charge entre autres responsabilités.

Dans un précédent article, nous avions évoqué le retour des conscrits, tradition remise au goût du jour par Tom Paulus l’été dernier et rendue vivante par l’engagement des jeunes qu’il a su fédérer autour d’un beau projet. Une autre coutume, abandonnée il y a fort longtemps mais dont les anciens se souviennent bien, a refait surface en avril 2022 : les ratsche. Nommées égalementbäläpp, bebelàda, berdelàda, bockla, garra, pochla, ràfla, ràppel, rara, ràschpla, rasselkiscchta, ràtza, rimbel, riompla, schwarra, vaschperschall, ou dans le Pays Welche tarlakats et plus spécifiquement térettes dans la Haute Vallée de la Bruche, les crécelles avaient pour fonction, une fois les cloches parties le soir du Jeudi Saint à Rome pour s’y faire bénir par le Pape, de les remplacer jusqu’au matin du Dimanche de Pâques, afin de sonner les angélus de 6h00, 12h00 et 18h00, ainsi que d’appeler les fidèles aux offices.

Pour cela, il fallait des bras, et autrefois les enfants de coeur s’y attelaient joyeusement, car le dernier de leurs deux jours de service intensif, une collecte en porte-à-porte, les récompensait très largement de leur engagement. Ce sont les élus Nicolas Undreiner et Marie-Claire Gérard, qui ont eu à coeur de redonner vie à cette tradition, tout en l’adaptant à notre époque. Ainsi, depuis 2022, tous les enfants sont-ils conviés à y participer, et cette année, malgré un Vendredi Saint très pluvieux, ils vinrent nombreux pour accomplir un parcours malheureusement réduit pour cause de mauvaises conditions météorologiques.

Il ne s’agit plus de sonner les trois angélus et d’appeler aux offices, mais de symboliquement circuler bruyamment dans le village à 11h00, en faisant tourner énergiquement les ratsche mises à disposition par la commune, et parmi lesquelles figurent quelques collectors prêtés par des particuliers. Un moment particulièrement joyeux et intergénérationnel, contribuant à entretenir le lien social nécessaire à la vitalité d’une communauté villageoise.

Impliquée dans l’événement, l’Association de Parents d’Élèves de l’École Communale tient chaque année la buvette, dont les bénéfices alimentent la caisse de la Coopérative Scolaire. Pour l’édition 2024, il a fallu se réfugier à la salle de la mairie, alors que lors des précédentes éditions, c’est la place attenante qui faisait office de point de ralliement, le temps de cette manifestation toujours appréciée par les enfants. Mais à y regarder de près, ils ne sont pas les seuls à savourer ce moment !

Les témoignages des anciens, que la reviviscence de cette tradition émeut, sont très éloquents. C’est une partie de leur existence qui ressurgit à cette occasion, et les souvenirs qui leur reviennent en mémoire, sont toujours heureux. D’autres, un peu moins âgés, qui ont connu les ratsche et vécu leur disparition, ont également plaisir à en parler. Ce qui alimente les discussion autour de la buvette, et ajoute souvent un sujet aux conversations lors des repas de familles de la semaine pascale.

Se projeter vers l’avenir, sans pour autant négliger le passé, permet de vivre plus intensément le présent, car que nous le voulions ou non, nous procédons de ce qui fut avant nous et contribuons à ce qui nous survivra. Beaucoup ici l’ont compris, et l’étape suivante consiste dès maintenant, à pérenniser la reviviscence de traditions jusqu’ici disparues, telles que celles des conscrits et les ratsche, en y apportant la touche de modernité permettant de les réinscrire dans le temps présent.

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