Les citernes de Juan Manuel

Le Palmero Juan Manuel Batista, bien connu dans le secteur sinistré par l’éruption de la Cumbre Vieja, devient une légende vivante à La Palma.

La plupart des citernes circulaires, dont un un petit et un grand modèle, sont à Los Llanos de Aridane, l’œuvre de Juan Manuel Batista. Foto: Franck Vincentz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – A soixante-dix-huit ans, Juan Manuel Batista coule une retraite paisible, après avoir notamment construit sur l’île de La Palma, plus de trois cent réservoirs d’eau circulaires. Ces piscines à ciel ouvert, que l’on peut voir à proximité et au milieu des bananeraies, sont liées à cette culture qui se développa à partir du milieu du siècle dernier.

Il faut, pour produire un kilo de bananes, plusieurs centaines de litres d’eau. Contrairement à d’autres îles canariennes, cette dernière ne fait pas défaut à la Palma, car comme à La Gomera, elle ruisselle des sommets où se déchirent les nuages. Or, des bananeraies, aujourd’hui malheureusement couvertes de lave, émergent des bassins circulaires que la fureur du volcan n’a pas détruit.

C’est ce qui rend d’autant plus célèbre Juan Manuel Batista, auquel le quotidien en ligne El Diario a consacré un article des plus instructifs. Lorsqu’il avait quinze ans, ce maçon a appris d’un octogénaire surnommé « El Sordo » (Le Sourd), la technique de construction du bassin circulaire. Des édifices plus fiables en termes de robustesse, que ceux polygonaux. Il vivait alors à Todoque, une localité de la commune de Los Llanos de Aridane, aujourd’hui ensevelie.

La forme circulaire de ces bassins de rétention d’eau, fait de par la déclivité du terrain, qu’une coulée de lave arrivant, cette dernière glisse de part et d’autre, sans les recouvrir. Pourtant leurs murs sont moins épais que ceux des maisons : dix contre vingt centimètres. Mais les lois de la mécanique des fluides et de la résistance des matériaux, font que ces réservoirs résistent là où des immeubles s’effondrent. Les ingénieurs et le vulcanologues l’expliquent très bien, mais cela n’en demeure pas moins spectaculaire.

Une fois l’éruption terminée, ces réservoirs subsistant dans des champs de lave, vont devenir une curiosité. Car il faut dès à présent penser à l’après, notamment en termes de reconstruction. C’est pourquoi, toujours selon le quotidien El Diario, Sigfrido Herráez, le doyen du Collège des Architectes de Madrid, incite les gouvernements du pays, des îles et le Cabildo de La Palma, à lancer un concours international en vue de reconstruire une ville pour les personnes ayant perdu leurs domiciles. On peut alors légitimement penser que très certainement, Juan Manuel Batista, aurait des suggestion à faire, notamment quant à la forme des piscines !

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