Le monde n’est pas préparé à des pandémies

Francisco George, lors d’une réunion informelle des ministres européens de la santé, à Tallin en 2017. Foto: Arno Mikkor / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Le docteur Francisco Henrique Moura George, plus communément nommé Francisco George au Portugal, ne passe pas vraiment la barrière des Pyrénées, pourtant son CV est particulièrement éloquent. Ne proposant ni formules magiques ni thérapies foudroyantes, pour terrasser le SARS-Cov-2, ne surfant pas sur la vague complotiste, il n’a aucune chance d’être entendu en France.

Fin septembre, ce spécialiste renommé de la santé publique, ne voyait pas d’obstacle à la vaccination anti-Covid-19 des enfants de plus de cinq ans. Dans une interview donnée au siège de la Cruz Vermelha, Croix Rouge Portugaise qu’il préside, Francisco George tenait le raisonnement selon quoi, s’il est démontré que les enfants sont des vecteurs du virus et que le vaccin est fiable, la nécessité de leur vaccination devient alors une évidence.

Des propos que l’on peut entendre dans un pays à la culture vaccinale très forte, mais qui en France, feraient pousser des cris d’orfraies à certains autoproclamés résistants. Mais le discours du docteur George, qui est entre autres épidémiologiste, tient tout de même la route quand on le place dans la perspective des vaccinations obligatoires, de la naissance à l’entrée dans le cycle secondaire.

Quant à la troisième dose de vaccin anti-Covid-19, celui qui fut Directeur Général de la Santé de 2005 à 2017, se positionne en faveur d’un dosage préalable d’anticorps déterminant alors si elle est nécessaire. Ceci s’appuyant sur des bases scientifiques, et donc s’opposant à l’administration systématique. Forcément il y a débat, mais là-bas personne ne menace personne d’un Nuremberg II. Simple question de degré de savoir-vivre, et de niveau de civilisation, pourrait-on dire.

Poussant la réflexion plus loin, le docteur Francisco George soulignait que malgré des signaux venus de pathologies émergentes depuis une quarantaine d’années, le monde n’est pas prêt pour faire face à des pandémies telles que celle de Covid-19. Il établit même un parallèle avec la pandémie de SIDA débutée en 1980, rappelant alors qu’un an plus tôt, personne ne s’y attendait. Pourtant le VIH était connu lui, depuis plus de quarante ans.

Rien qu’au niveau de l’Europe, les incohérences et le « chacun pour soi » qu’on a vu et voit encore se développer depuis un an et demi, sont particulièrement éloquents, alors quant à parler du monde ! Concernant le Portugal, le docteur Francisco George plaide pour un renforcement du système de santé, dans l’optique de justement mieux faire face aux pandémies à venir.

Les trois composantes du système de sanitaire portugais que sont les centres de santé, les médecins généralistes et l’hôpital, n’étaient pas préparées à faire face à une pandémie. Comparant le Covid-19 à un ouragan, il pointe la nécessité de renforcer les infrastructures publiques de santé. Ce que plusieurs programmes politiques prévoyaient, mais qui n’a jamais été réalisé.