Luxembourg – Portugal : Viva as férias !

Les Portugais vivant au Grand Duché du Luxembourg sont heureux de franchir la frontière hispano-portugaise.

Aduana – Alfândega, le poste frontière de Fuentes de Oñoro - Vilar Formoso. Foto: Dennis Jarvis / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Les Portugais vivant hors des frontières et rentrant habituellement au pays en été – « os emigrantes » comme les nomme l’agence de presse Lusa – reviennent cette année avec la ferme intention de passer de bonnes vacances, mais non sans certaines inquiétudes. C’est au poste frontière de Vilar Formoso, en face de la ville espagnole de Fuentes de Oñoro, que Lusa en a interviewé quelques uns qui venaient notamment du Grand Duché du Luxembourg où ils sont établis.

Les « emigrantes » qui se livrent à l’agence de presse nationale ne cachent pas leurs craintes liées à un tel déplacement dans l’actuel contexte de pandémie. Ils sont déterminés à limiter les contacts. Oui à la plage, aux rencontres avec la famille, mais avec masques et distanciation physique. La conscience du potentiel danger semble bien ancrée dans l’esprit des interviewés venant ce jour là tous du Grand Duché. D’autant plus que certains soulignent bien qu’en cas de problème de santé, ils risquent de ne pas pouvoir bénéficier du même niveau de soins ici que dans leur pays d’accueil.

Certains disent vouloir limiter leurs interactions sociales, mais avoir vraiment besoin de voir leur famille. C’est bien là le souhait de la plupart de celles et ceux qui, partis s’installer dans un autre pays, y travaillent toute l’année pour en été, faire le voyage inverse afin de très temporairement retrouver famille et amis. Même si, pour ceux vivant au Luxembourg, ce petit pays est décrit comme «la terre promise des Portugais ».

Comptabilisant 16% de la population du Grand Duché, les Portugais forment la première communauté étrangère du pays, car ils en constituent 32% en 2020. Des chiffres qui augmentent encore si on se réfère aux Statistiques de la Confédération de la Communauté Portugaise au Luxembourg (CCPL) qui elle, intègre à ses calculs les titulaires de la double nationalité.

Les premiers sont arrivés avant la Révolution des Œillets (1974), à une époque où Marcelo Caetano, le successeur de l’autocrate de sinistre mémoire António de Olivera Salazar, facilitait leur départ. L’émigration était ainsi organisée officiellement depuis le Portugal et l’intégration s’est faite sans grandes difficultés. Conscients d’être eux-mêmes le fruit de métissages, les Portugais ne jouent pas la carte du communautarisme, excepté pour la langue.

C’est cette volonté de préserver et de transmettre un élément essentiel de leur patrimoine immatériel qui a pu générer quelques tensions les dernières années, les autorités politiques mettant toujours plus fortement en avant l’usage du luxembourgeois. Mais, aujourd’hui comme hier, le partage et la pratique d’une religion commune reste un facteur déterminant de cette intégration réussie.

Depuis quelques années, les prix de l’immobilier s’élevant considérablement au Luxembourg, certains Portugais vivant près de la France opèrent un glissement de ce côté là de la frontière. Glissement forcé pour des raisons uniquement pécuniaires. Un exemple ? Villerupt en Meurthe-et-Moselle où le prix du m² est de 2.000€, contre 5.000€ minimum dans le bassin minier luxembourgeois.

Mais pour beaucoup de Portugais implantés au Luxembourg, leur avenir, et même leur retraite, est dans ce pays – quitte, le moment venu, à profiter un peu plus de la vie, faire plus souvent des allers-retours entre le Grand Duché et la Péninsule Ibérique. Ce qui présage encore beaucoup de passages de frontières, notamment à  Fuentes de Oñoro – Vilar Formoso où, quand la pandémie de Covid-19 appartiendra enfin au passé, donner du klaxon en franchissant la ligne dans le sens Espagne – Portugal redeviendra la manifestation d’un bonheur total !

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