Mansour Abbas – une carte à ne pas négliger…

Leader d’un petit parti arabe israélien, Mansour Abbas, selon ses détracteurs, ne représente que lui-même - et s’il en advenait autrement ?

Reuven Rivlin (à gauche), alors Président de l’État d’Israël, recevait en 2021 à sa résidence de fonction à Beit HaNassi, Mansour Abbas. Foto: Mark Neyman / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Comme la tragique actualité proche-orientale conduit à enfin reparler de Marwan Barghouti, elle permet aussi de mettre en lumière d’autres personnages de la scène politique israélo-palestinienne. Oui, israélo-palestinienne, car l’association dans un même mot de ces deux nations, a du sens aujourd’hui plus que jamais, pour qui veut voir se réaliser la solution à deux États. Infiniment moins connu que celui du prisonnier palestinien Marwan Barghouti, le nom du parlementaire israélien Mansour Abbas (à ne pas confondre avec Mahmoud Abbas, le président palestinien) apparaît de-ci, de-là dans la presse.

Âujourd’hui presque quinquagénaire, ne projetant pas initialement de s’engager politiquement, l’actuel chef de file d’un parti arabe israélien Ra’am (Reshima Aravit Me’uchedet) qualifié d’islamiste modéré, n’est pas forcément la personne la plus idéale pour engager des négociations de paix. Mais celle-ci existe-t-elle  ? Certaines de ses prises de position, dont celles sociétales en faveur de la thérapie de conversion pour les personnes LGBT, n’en font de loin pas un grand humaniste et encore moins un homme de gauche. Mais dans les conflits que l’humanité a connu jusqu’ici, la paix a-t-elle toujours été négociée par et avec des politiques de gauche ?

Il est vrai qu’il fut un temps où Recep Tayyip Erdoğan était aussi qualifié d’islamiste modéré. Donc, au vu du tournant qu’il a opéré une fois élu président, raison de plus pour se monter circonspect, mais le poids de Ra’am en Israël, n’est de loin pas celui de l’AKP en Turquie. Très peu de temps après les attaques terroristes du 7 octobre dernier, Mansour Abbas exhortait le Hamas à libérer sans délais femmes, enfants et personnes âgées au nom des valeurs islamiques. Début décembre, il appelait les factions palestiniennes à déposer les armes et à collaborer avec l’Autorité Palestinienne, en vue de la création d’un État. Des prises de position à ne pas balayer d’un revers de main, en les qualifiant de vœux pieux ou de tartuferies.

En 2021, sa déclaration sur le caractère juif de l’État d’Israël et sa pérennisation comme tel, fut qualifiée par le quotidien progressiste Haaretz de bombe diplomatique, alors que le conservateur Jerusalem Post faisait le constat d’un franchissement du Rubicon. Disant dans la même lancée, que « La question est plutôt de savoir quel est le statut du citoyen arabe dans l’État juif d’Israël », pour l’année suivante affirmer avec force qu’Israël n’est pas un État d’apartheid, ses propos procèdent visiblement d’une pensée complexe digne de l’en-même-temps macronien. Mais le diable ne se cache-t-il pas dans les détails et tout n’est-il pas question de nuances ?

Vouloir la paix au Proche-Orient, et refuser le dialogue avec des personnes aussi différentes que Marwan Barghouti et Mansour Abbas, mais pouvant représenter le peuple palestinien autrement que les terroristes du Hamas dont les principaux chefs vivent à l’abri dans des Pays du Golfe, est signe d’une imbécilité crasse. Ou alors pire encore, d’une absence de volonté de voir le conflit se terminer par une solution négociée. Après les atrocités commises le 7 octobre et les jours suivants, le Hamas a perdu toute éventuelle légitimité et crédibilité, pour entrer dans un processus de paix et de toute façon, son but est et restera la destruction de l’État d’Israël.

Alors avec qui, pour représenter les peuples palestinien et israélien, tous deux cruellement meurtris, engager des négociations ? Car c’est là l’un des nœuds du problème. Politiquement, Benyamin Netanyahou est un mort en sursis, et c’est très bien comme ça, car personne n’aura autant que lui, entravé tout processus de pacification et jeté de l’huile sur le feu, notamment en Cisjordanie. Le Hamas est une organisation terroriste, quoi qu’en disent ou ne disent pas le Leader Maxi-Mots et ses affidés. Il est donc urgent avant que le conflit s’internationalise, de trouver d’autres interlocuteurs, en vue de négocier un processus de paix au Proche-Orient.

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