Qui est derrière « l’affaire Begoña Gómez » ?
Derrière cette affaire, qui n’en est pas une, tellement le dossier est léger, mais ayant tout de même conduit Pedro Sánchez à envisager de démissionner, une officine d’extrême-droite passe à l’offensive.
(Jean-Marc Claus) – L’enquête menée suite à une plainte déposée par « Manos Limpias – Clean Hands » à l’encontre de Begoña Gómez, épouse du président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, repose pour ce que nous en savons aujourd’hui, sur des infox. Une pratique courante de l’officine d’extrême-droite, qui depuis sa création en 1995, n’a de cesse que de s’appliquer à saper les fondements de la démocratie.
Mieux connue pour son action contre le juge Baltasar Garzón, qui a enquêté sur de nombreuses affaires de terrorisme, de crimes d’État et de corruption, cette organisation a pour personnage public l’avocat Miguel Bernad Remón, qui dans les années quatre-vingt, passa par « Fuerza Nova », un parti nationaliste proche du franquisme. Sa méthode favorite est « l’acusación popular », ceci afin de provoquer une inflation des motifs de plaintes, propre à réduire les capacités de la défense et faire durer les procédures.
Nous savons en France comment l’extrême-droite est friande de procédures, lancées à l’encontre de ses contradicteurs et adversaires. Et bien, en Espagne, pour ce boulot de sbire, il y a Miguel Bernad Remón et son orchestre. Un orchestre qui n’est pas rouge, loin s’en faut, car ses cibles favorites vont de la gauche aux indépendantistes. Poursuivi en décembre 2017 dans une affaire d’extorsion de fonds et d’escroquerie, condamné en juillet 2021 par Le Tribunal National, acquitté en mars 2024 par la Chambre Pénale de la Cour Suprême, le voilà à la manœuvre en avril 2024 !
Nous avons vu, durant la pandémie de Covid-19, comment se développe la haine ordinaire en Espagne, mais aussi partout ailleurs. Les actions menées par des officines telles que « Manos Limpias – Clean Hands », sont autant d’instruments alimentant les rumeurs destinées à déstabiliser les démocraties. Or, l’extrême-droite, comme celle qui en France dans les années quatre-vingt-dix se prévalait du slogan trompeur « Mains propres et tête haute », est partout en Europe mouillée dans des affaires louches.
Ceux qui veulent s’emparer du pouvoir, en prétendant laver plus blanc que blanc, ont très souvent du sang sur les mains ou pour le moins, une autre matière organique particulièrement nauséabonde. Mais frappés d’une inexplicable anosmie, beaucoup trop d’électeurs ne les sentent pas venir, tant de loin que de près. A quarante jours des élections européennes, il flotte sur la veille Europe, comme une odeur excrémentielle.
Quarante, un chiffre particulièrement symbolique, qui est aussi le temps que dure un carême, période traditionnellement propice à la méditation et à la repentance. Mais les électeurs européens vont-ils se ressaisir, ou alors donner un blanc-seing à l’extrême-droite et favoriser ainsi la multiplications d’officines malfaisantes telles que « Manos Limpias – Clean Hands ? »
MAJ : Hier, Pedro Sanchez a fait savoir qu’il allait rester à son poste de chef de gouvernement et qu’il ne démissionne donc pas. Selon ses dires, ce sont, entre autres, les milliers de manifestants qui, à Madrid, avaient manifesté pour qu’il ne démissionne pas.
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