Rivétoile – la réponse de la direction

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(KL) – Il y a quelques semaines, nous avions publié, après une enquête sur place et plusieurs entretiens avec des commerçants sur place, un article relatant certains dysfonctionnements dans le Centre Commercial strasbourgeois « Rivétoile », suivi par la publication d’une « Lettre ouverte ». La direction du propriétaire du centre, le groupe néerlandais « Wereldhave », n’est pas d’accord avec le contenu de l’article ni avec celui de la Lettre ouverte. Pour des raisons de déontologie, nous avons posé des questions à François-Charles Luxor, le directeur des opérations de « Wereldhave ». Interview.

Lors de notre enquête au Centre Commercial Rivétoile à Strasbourg, nous avons constaté que bon nombre des magasins du centre sont vides. Pouvez-vous nous indiquer combien de magasins étaient inoccupés AVANT le début de la crise sanitaire ?

François-Charles Luxor : La pertinence est de constater la surface des magasins ouverts et moins le nombre, AVANT ou APRES COVID. C’est par ailleurs, pour votre information, l’indicateur de comparaison entre centres commerciaux. A « Rivétoile », 95% des magasins (en m²) sont ouverts, ce qui est un taux d’occupation très élevé pour le secteur et très élevé tout court. Pour parler de magasins « fermés », il y en a, ici ou ailleurs, avant ou après COVID. Ils ne sont pas inoccupés pour toujours, sur chacune des cellules nous avons des commercialisations en cours. Cette rotation d’enseignes est normale et répond aussi aux besoins des clients de voir évoluer l’offre. Nos clients exigent de la nouveauté et un renouvellement des lieux de commerce qu’ils fréquentent. On connaît leurs attentes et notre rôle est d’y répondre et des fois de les surprendre.

Merci de nous donner quand même le nombre de commerces inoccupés au début de la crise…

FCL : 8 magasins sont fermés, mais d’une part, le nombre est moins important que la surface qu’ils représentent (quelques dizaines de m² sur 26.000 de surfaces louables) et d’autre part, ils sont fermés pour des raisons diverses et souvent en raison de choix ou de faillites nationales, sans aucun lien avec Rivetoile. Enfin, je le rappelle, avec 95% de taux d’occupation, Rivetoile est un centre au dynamisme commercial avéré.

De nombreux commerçants se plaignent des choses suivantes : pas d’animations dans le Centre, pas de musique, moins d’agents de sécurité, travaux urgents non effectués, problèmes de climatisation, problème d’attractivité et de fréquentation. Pourriez-vous nous indiquer votre point de vue sur ces griefs ?

FCL : Rivétoile est un pôle d’attractivité puissant de la métropole strasbourgeoise. En 2019, la fréquentation a atteint 6,2 millions de visites soit +3% par rapport à 2018, signant ainsi sa meilleure performance depuis son inauguration en 2008. Pour autant, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Les commerçants ont raison de vouloir aller plus loin. Avec un budget marketing de 700 000 € par an (le plus élevé de notre portefeuille), de nombreuses actions sont organisées et nos équipes locales (4 personnes) et dédiées au développement de l’attractivité. Elles imaginent et conçoivent des événements dynamiques et sont le garant d’un très haut niveau d’accueil et de services. Avec cette forte exigence, en raison de la taille du « paquebot » Rivetoile (30 000 m²), le moindre défaut passager saute aux yeux. Nous travaillons donc à améliorer sans cesse le confort : réduire le temps d’intervention d’un ascenseur indisponible, d’une ampoule grillée ou d’une climatisation soumise à rude épreuve.

Enfin, la sécurité est notre priorité et Rivétoile est exemplaire en la matière : le site dispose d’une équipe permanente d’une dizaine de personnes sur le terrain : sécurité, nettoyage et maintenance. Nous sommes par ailleurs certifié BREEAM (label international sur la qualité de gestion du centre et la qualité environnementale. Pour les 2, nous sommes notés « Very Good », certification re-auditée en 2019.

Suite au confinement, qui n’est pas de la responsabilité des commerçants, quelles démarches ont été entreprises vis-à-vis des autorités pour obtenir le paiement des loyers par l’Etat et/ou les collectivités ?

FCL : Rivétoile a été présent aux côtés des commerçants dès les premiers jours du confinement. Les loyers ont d’abord été reportés pour permettre à nos partenaires commerçants de faire face à l’onde de choc. Puis nous avons été signataire de la « Charte nationale de bonnes pratiques entre commerçants et bailleurs » sous l’égide du Ministre de l’Economie. Cette convention encadre les modalités d’aménagement des loyers, mais favorise aussi le gré à gré. Nous avons de très nombreux protocoles validés avec nos commerçants. Au-delà de cela, nous avons très vite organisé le redémarrage du centre commercial pour être opérationnel dès le 11 mai afin que les commerçants reprennent une activité le plus rapidement possible.

Il est évident que bon nombre des petits commerçants seront menacés dans leur existence par la crise économique qui arrive inévitablement. D’après vous, combien de vos locataires devront fermer dans les mois qui suivent ?

FCL : A ce jour, nous ne sommes informés que des difficultés financières d’enseignes nationales relayées dans la presse. Nous voyons également qu’une grande partie sinon la totalité des enseignes sont reprises. Nous n’avons pas connaissance de fermetures d’enseignes locales et indépendantes à Rivétoile. Pour autant, nous demeurons très vigilants et à l’écoute des commerçants.

Un collectif de commerçants propose une table ronde en vue d’établir un « plan de sauvetage », autant du Centre lui-même que de leurs commerces et des emplois. Qu’est-ce qui s’oppose à une telle démarche ?

FCL : Nous sommes ouverts au dialogue avec les commerçants pas seulement à  l’occasion de tables rondes, mais au quotidien. En revanche, la situation dépeinte par quelques commerçants (anonymes, car cet appel n’a pas fait l’objet d’une demande auprès de Rivétoile) est très éloignée de la réalité du terrain : une fréquentation en hausse, un fort taux d’occupation et la présence renouvelée de magasins « locomotives » internationales et locales (Zara, H&M, Hollister, Mango, La Presqu’île…) font de Rivétoile un lieu de référence du commerce strasbourgeois. Vision partagée par le directeur général des vitrines de Strasbourg, Monsieur Bardet, avec lequel nous sommes en contact régulier pour promouvoir le commerce à Strasbourg et pas ailleurs. Voici la réalité décrite par nos clients.

Votre groupe a annoncé, il y a quelques mois déjà, de vouloir vendre ses centres commerciaux en France. Est-ce que le marché français n’est pas intéressant pour votre groupe néerlandais ? Que deviendront les commerçants à ce moment ? Est-ce que votre groupe est prêt à investir encore dans des centres dont il veut se séparer de toute manière ?

FCL : La décision de se désengager de son portefeuille France a effectivement été annoncée le 7 février dernier. Une profonde mutation est en cours et la taille critique pour imposer cette mutation est la clé. Avec 1% de part de marché dans l’hexagone, on ne l’avait pas et l’avoir aurait été trop long et trop coûteux. A aucun moment, la qualité des actifs et de leur gestion n’ont été une raison ; au contraire, nous avons servi de référence à de nombreuses reprises. Au même titre que nous avons racheté le centre fin 2014, nous le revendons sans que pour autant cela change en quoi que ce soit le quotidien des commerçants. Cette cession n’est pas réalisée, et nous continuons à avancer très sérieusement sur le parachèvement du centre avec le projet d’extension de Rivétoile (12 nouvelles boutiques orientées majoritairement service). Les équipes de commercialisation débutent la prospection locale. Nous lançons donc un appel à candidatures aux entrepreneurs locaux désireux de se développer dans ce dynamique quartier du sud de la métropole.