Un chien typiquement canarien

Qu’on le nomme couramment « Perro Bardino » ou plus académiquement « Perro Majorero », ce chien autochtone de l’archipel canarien, a bien failli disparaître.

Le « Perro Majorero » ne dédaigne pas prendre un bain de soleil, mais il reste toujours en éveil, car chien de garde et de troupeaux. Foto: Informerhh / WikimediaCommons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Contrairement à une idée reçue, les Îles Canaries ne tiennent pas leur nom du « serinus canaria », passereau effectivement originaire de l’archipel, nommé ainsi par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758. C’est encore bien avant leur conquête par les Européens trois siècles plus tôt, que durant l’Antiquité, ces îles habitées par des immigrés d’origine berbère, acquirent ce nom en référence à leurs chiens.

Canariae Insulae signifie « Îles aux Chiens », et c’est ainsi que Pline l’Ancien nommait l’archipel, au Ier siècle de notre ère. Ceci en raison de la présence d’un impressionnant nombre de « canis lupus familiaris », sur l’île de Gran Canaria. Le « Perro Bardino », comme par exemple celui sauvé par les pompiers à Agüimes, est un de ceux-là. Originaire de Fuerteventura, appelé plus officiellement « Perro Majorero », il a été introduit dans d’autres îles de l’archipel, afin d’y remplir ses missions de chien de troupeaux et de garde.

Le terme « Majorero » désigne en guanche les habitants de Fuerteventura, et c’est à Gran Tarajal, station balnéaire au sud-est de l’île, qu’a eu lieu le 21 avril 1979 la première rencontre de spécialistes de cette race, qui le 14 avril 1994 fut reconnue comme autochtone par la Real Sociedad Canina de España (RSCE). Le recul de l’élevage et l’introduction d’espèce étrangères, l’avaient conduit vers son déclin. D’où la création de l’Asociación para la Conservación del Perro Majorero (ACPM), qui s’est donnée pour mission de préserver la race alors menacée de disparition, et d’en repeupler notamment l’île de Fuerteventura.

L’idée n’a jamais été d’en faire un animal de compagnie, comme on le voit trop souvent pour des chiens de traîneaux, forcés par certains de leurs propriétaires, à devenir des chiens de canapés. Il s’agit toujours de l’employer à ce pour quoi il est fait. C’est-à-dire le gardiennage des troupeaux et des propriétés, car non seulement il s’acquitte bien de sa mission, mais aussi il y prend plaisir. Appréciant la compagnie des humains gravitant autour de lui, il se montre méfiant envers les personnes inconnues, et devient ainsi très dissuasif pour les importuns, vu sa grande mobilité et son attitude déterminée.

La fiche descriptive de la Real Sociedad Canina de España (RSCE) est très complète. On pourrait dire que d’une certaine manière, le « Perro Majorero » est aux Îles Canaries, ce qu’est le « Cane Corso » à la Corse. Ce dernier a également été sauvé de la disparition, grâce à une association créée dans les années 1970, et l’Italie a reconnu sa race en 1979. Mais les similitudes s’arrêtent là, car moins grand et moins lourd, le « Perro Majorero » n’a jamais été un chien de chasse à l’ours ou au sanglier, et il n’a pas fréquenté les arènes romaines.

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