Vhils – la passion en creux

Alexandre Manuel Dias Farto, alias Vhils, figure internationale du street art, creuse les surfaces planes pour en faire jaillir des images.

Vhils au pied du mur, dont il fait jaillir une image. Foto: Nicola di Nunzio / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – C’est à l’âge de treize ans qu’a commencé à graffer Alexandre Manuel Dias Farto, né en 1987 à Seixal en face de Lisbonne, juste sur l’autre rive du Tage. Un artiste qui s’est révélé quand débutait le XXIe siècle, et internationalement connu depuis qu’en 2008 à Londres, au Cans Festival, l’une de ses œuvres de scratching (grattage) a été exposée à proximité d’un Bansky. Un artiste dont il reconnaît l’influence, mais Vhils veut ses sources d’inspiration multiples.

C’est notamment en maniant le burin qu’il s’exprime, mais avec beaucoup plus de finesse que les Colonnes de Buren. Les murs sur lesquels il créé, supportent alors des œuvres en 3D. Oui en trois dimensions et non en trompe-l’œil, car la surface initialement plane est travaillée en profondeur par divers procédés, dont le burinage manuel à l’ancienne. Partant d’une esquisse bidimensionnelle, il réalise une création tridimensionnelle, dont l’aspect varie en fonction de l’incidence et de l’intensité lumineuses.

C’est justement ce qui rend ses œuvres fascinantes, car plus encore que pour de simples fresques, le regard posé sur chacune de ses création est unique car éphémère, la lumière jouant dans l’instant avec les anfractuosités savamment dosées par l’artiste. Mais cet acte créateur de creusement, a pour Vhils aussi une signification symbolique, en ce sens qu’il nous invite à réfléchir sur nos propres couches (sic).

Le galeriste Steve Lazarides, associé à Bansky jusqu’en 2008, a contribué à sa visibilité, au décours de sa formation artistique réalisée à Londres. Mais Vhils a tracé sa propre voie, notamment en conceptualisant la destruction créatrice, procédé à la base de ses œuvres, dont pour certaines, il va jusqu  ‘à employer l’explosif. Mais plus généralement, c’est via des murs que l’artiste nous parle, comme par exemple celui d’une maison de Mindelo, d’où au Cap Vert, jaillit le visage de Cesária Évora.

Le travail de cet artiste, en constant renouvellement, humanise les rues des villes grâce à une intense recherche précédant ses créations. Il explore d’anciennes diapositives des lieux où il va travailler, observe les gens qui passent ou y résident, puis se met à l’œuvre, avec pour principal but d’interpeller les passants dans des lieux où l’on a trop tendance à ne regarder personne. Son site web permet d’avoir une vision générale et actualisée de ses réalisations, mais une vidéo tournée à Shanghai il y a une dizaine d’années, rend encore mieux compte de la dynamique animant l’artiste.

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