Crise politique au Portugal ?

A défaut d'un accord sur le Budget 2021 avec ses partenaires de gauche, le premier ministre António Costa annonce la survenue d'une crise politique.

Le PS, le PCP et le BE feraient bien de s'inspirer de l'architecte Théophile Seyrig (1843-1923), car lors de la construction d'un pont, il est possible d'y prévoir différents niveaux et types de circulations. Foto: José A / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Les dernières dépêches de l’agence de presse portugaise Lusa suscitent l’inquiétude quant à la survenue d’une éventuelle crise politique. António Costa (PS), l’actuel premier ministre, a déjà exprimé son souhait de voir le président Marcelo Rebelo de Sousa (PSD) réélu en 2021. Ce dernier ne s’est pas encore exprimé à ce propos, mais il a appelé au dialogue, le pays n’ayant pas besoin d’une crise politique s’ajoutant à la crise sanitaire et économique découlant de la pandémie de Covid-19.

Une déclaration saisie au vol par Rui Rio, le leader du Parti Social Démocrate de centre-droite tellement ouvert au dialogue qu’il n’exclut pas des alliances avec le parti d’extrême-droite Chega, si toutefois celui-ci devient plus « raisonnable ». L’objet du litige  étant le budget pour 2021, il ajoutait tout benoîtement avec des airs étonnamment « baladuriens », que le PSD est dans cette affaire un spectateur attentif. Attentif des dissensions entre Parti Socialiste (PS), Parti Communiste Portugais (PCP) et Bloc de Gauche (BE).

Ce budget 2021 décidera notamment de l’affectation des aides européennes, mais il y a d’autres pierres d’achoppement. Certaines contribuent cependant à favoriser le progrès social, comme par exemple pour les étudiants cette année. Évidemment, les attentes et les analyses divergent à gauche, mais l’unité n’est-elle pas un combat ? Combat que le PCP et le BE seraient prêts à mener, mais sans avoir à subir de menaces de la part du Premier Ministre.

Pour le Bloc de Gauche (BE), Catarina Martins avance que l’ultimatum du Premier Ministre au sujet d’une éventuelle crise politique, ne résout rien et ne mobilise personne. Il lui importe plus de chercher des solutions, pour apporter des réponses fortes à la crise sanitaire, sociale et économique. Là-dessus, elle est rejointe par le PCP qui, suite aux interventions de son leader Jerónimo de Sousa, a adressé un communiqué à l’agence Lusa.

Pour le PCP, les problèmes ne se résolvent pas par des menaces, mais en trouvant des solutions aux difficultés rencontrées par des milliers de personnes, ainsi qu’en imaginant des alternatives déliées des contraintes de l’Union Européenne et du capitalisme. Ne ménageant pas António Costa, le PCP lui renvoie qu’il ne sert à rien de dire qu’il ne veut s’allier avec le PSD, alors qu’il existerait entre PS et PSD des convergences sur des questions importantes.

Le Premier Ministre incite ses partenaires à prendre leurs responsabilités, sans quoi l’absence d’un accord sur le budget 2021 provoquera une réelle crise politique et ne résoudra pas la question du chômage à l’horizon 2022. Il avertit le PCP et le BE que, s’ils espèrent le pousser à négocier avec le PSD de Rui Rio pour assurer la survie de son gouvernement, ils peuvent dès à présent sortir le cheval de la pluie (tirar o cavalinho da chuva), c’est-à-dire abandonner cette illusion.

L’unité est un combat dit-on habituellement ; combat pour l’unité devenant souvent, une fois celle-ci réalisée, un combat au sein même de l’unité. La survenue rapide d’un accord entre le PS, le PCP et le BE s’avère plus que souhaitable, car les dents longues de certains raient déjà le parquet du Palácio de São Bento, siège de l’Assemblée de la République…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste