#FreeFariba : La Grande Muraille de Gorgan

Fariba Adelkhah a été réincarcérée à la Prison d’Evin, mais d’autres murs d’un intérêt scientifique certain, existent en Iran.

Les vestiges de la Grande Muraille de Gorgan, progressivement mis au jour, témoignent du génie de ses bâtisseurs. Foto: Amir Ali Razzaghi / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0

(Jean-Marc Claus) – Après 469 jours d’assignation à résidence, faisant suite à 486 jours de détention, Fariba Adelkhah a été réincarcérée le 15 janvier dernier, pour des motifs tout aussi fallacieux que sa condamnation. Cela fait donc, à cette heure, 32 jours qu’elle a réintégré la prison d’Evin, sur un total de 987 jours de captivité. Autant ceux de son lieu d’incarcération, que ceux de son lieu d’assignation à résidence, les murs font partie du quotidien de Fariba Adelkhah.

Les lecteurs de cette chronique mensuelle peuvent peut-être un peu se les représenter, mais il en est un en Iran, dont beaucoup ignorent l’existence. A l’instar de la Grande Muraille de l’Empire du Milieu, il existait dans l’ancienne Perse, la Grande Muraille de Gorgan. Bien moins longue et en grande partie en état de ruines, contrairement à son homologue chinoise, elle fait néanmoins partie intégrante du patrimoine iranien.

Érigée au nord-est du pays et au sud-est de la Mer Caspienne entre 420 et 530 de notre ère, cette muraille avait pour vocation d’empêcher les peuples du nord et plus particulièrement les Huns, d’envahir l’Empire Sassanide (224-651). D’une longueur de 195 kilomètres, elle peut mesurer jusqu’à 10 mètres de large et comporte 38 forteresses, soit en moyenne une tous les 5 kilomètres. Elle a connu plusieurs appellations : Serpent Rouge, en raison des briques dont elle est constituée, mais aussi Barrière d’Alexandre, Mur d’Alexandre, Barrière d’Anushirvân, Barrière de Firuz, Qïzïl Yîlan et Qazal Al’an. Mais la plus courante est maintenant Grande Muraille de Gorgan, en référence à sur son flanc sud, à la rivière qu’elle longe (Gorganrud) et la localité qu’elle protège (Gorgan).

Les briques ayant servi à sa construction, étaient fabriquées à base de loess prélevé localement. Les premières fouilles, débutées en 1999 sous l’autorité de l’archéologue iranien Jebrael Nokandeh, se sont poursuivies en une campagne irano-britannique menée de 2005 à 2009, a laquelle a succédé en 2016, un projet mené conjointement par l’Institut Iranien d’Archéologie, l’Organisation Nationale du Patrimoine Culturel et l’Université d’Edimbourg, auquel ont collaboré des chercheurs allemands, français, irlandais et géorgiens.

Plus longue que le Mur d’Hadrien (127 km) et le Mur d’Antonin (60 km) mis bout à bout, plus âgé d’un millénaire que les parties les plus récentes de la Grande Muraille de Chine , la Grande Muraille de Gorgan a été, au fil des ans, partiellement détruite, mais son tracé reste lisible. Afin de faciliter son édification, des fours à briques espacés de moins de 40 m à de près de 100 m, soit plusieurs milliers au total, avaient été créés sur toute sa longueur. Plusieurs chantiers de fouilles en ont mis au jour un certain nombre.

La ville de Gorgan tient son nom perse ancien « Gorgān » signifiant « loup », un animal disparu de la région depuis des siècles. Quand à la rivière nommée Gorganrud, allant du mont Alagdah au nord-est pour se jeter au sud-ouest dans la Mer Caspienne et ponctuée de barrages, ses crues ont transformé en cités lacustres, plusieurs localités, dont en 2019 Ad-Quala située sur son cours inférieur et provoqué 300 morts en 2001.

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