Monsanto, un village resté naturel

Localité dont le nom évoque aujourd’hui glyphosate et autres poisons, Monsanto est souvent présenté comme le plus portugais des villages portugais.

Des rochers semblant écraser les habitations, qu’en réalité ils abritent. Foto: Rafael Tello / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(Jean-Marc Claus) – Non, Monsanto n’est pas à l’origine de la firme étasunienne « Monsanto Chemical Company » créée en 1901 et rachetée par Bayer en 2016. Même si Olga Méndez Monsanto (1871–1938), l’épouse de son créateur John Francis Queeny (1859–1933), était issue d’une famille séfarade ayant émigré de la Péninsule Ibérique pour d’abord s’installer en Hollande. Qualifié aussi de « village au milieu des pierres », élu en 1938 « le plus portugais des villages portugais », Monsanto existe par lui-même.

L’occupation humaine dans ce village de la région de Beira, remonte à la Préhistoire. Des vestiges de thermes et d’une forteresse romaine, témoignent de son importance durant l’Antiquité. Au Moyen-Age, le comte Alfonso Henriques (1109-1185) qui devint Alphonse Ier le fondateur du Portugal et régna quarante six années, attribua le « castelo » aux Templiers qui le consolidèrent pour l’associer à leur vaste réseau. Ce qui permit au village, en devenant un centre régional de commerce, de gagner une importance qu’il perdit progressivement après la dissolution de l’Ordre du Temple.

Dans ce village perché de l’Alentejo, rochers et habitations se mêlent d’une façon toujours audacieuse et parfois bien étrange, qu’un site web tel que Tripavisor restitue plutôt bien. Des rues étroites et pentues, des maisons à l’architecture étonnante, des rochers semblant écraser les habitations qu’en réalité ils abritent, un village accroché à la montagne comme s’il la soutenait, tel est et doit demeurer Monsanto.

C’est durant l’Estado Novo, régime dictatorial salazariste se maintenant de 1933 à 1974, que figurant dans un panel de douze localités présélectionnées par le Service National de l’Information, il fut élu en 1938 le plus portugais des villages portugais. L’opération de communication gouvernementale consistait à mettre en valeur de façon romantique la vie rurale et encourager fortement la production agricole. Un Coq de Barcelos en argent, qui se dresse toujours au sommet de la Torre de Lucano, lui fut alors décerné.

Ce prix du plus portugais des villages portugais ne fut remis qu’une fois, le rendant ainsi d’autant plus précieux. Quasiment inchangées depuis 1938, les limites de son développement fixées à l’époque permirent de conserver son inimitable cachet, au point qu’on pourrait presque en être reconnaissant à António de Oliveira  Salazar, si on oubliait les trente mille prisonniers politiques, les dissidents exécutés par la redoutable PIDE (Polícia Internacional e de Defesa do Estado) et les autres exactions commises au temps de l’Estadao Novo.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste