Quel(le) Président(e) pour le Portugal ?

Le 24 Janvier, le Portugal élira son Chef de l’État.

Qui va occuper le bureau de la Présidence de la République au Palais de Belém ? Le même locataire qu'aujourd'hui ? Foto: RickMorais / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Alors qu’hier, le vote anticipé a commencé avec le chiffre record de 246.880 électeurs préalablement inscrits, dans une semaine, le Portugal sera au lendemain du premier tour de ses élections présidentielles. Déterminée par un suffrage universel uninominal à deux tours, ce scrutin peut n’en avoir qu’un, si une candidature recueille d’entrée la majorité absolue, c’est à dire plus de 50% des suffrages exprimés et au moins 25% des inscrits. Ce qui, depuis les premières élections présidentielles de 1976, n’est arrivé qu’une fois. Peut-on s’attendre en 2021, à une réédition de cette exception remontant à 1986 ?

Début décembre, l’agence de presse « Lusa » ayant annoncé 9 pré-candidatures, dont celle de l’actuel président Marcelo Rebelo de Sousa, issu du centre droite (PSD), pouvant prétendre une seule fois à sa réélection. Depuis, seulement 7 ont été retenues par la Cour Constitutionnelle, ce qui en fait 3 de moins qu’en 2016, année record.

De gauche à droite de l’arc politique subsistent : Marisa Matias (44 ans) du Bloc de Gauche (BE), João Ferreira (42 ans) pour le Parti Communiste Portugais (PCP) et les Verts (PEV), Ana Gomes (66 ans) pour le Parti Socialiste (PS) soutenue par les partis à tendance écologiste « Livre » (L) et « Personnes-Animaux-Nature » (PAN), Victorino Silva (49 ans) de « Réagir-Inclure-Recycler » (RIR), Marcelo Rebelo de Sousa (72 ans) pour le Parti Social Démocrate (PSD) de centre droite avec le soutien de la droite (CDS-PP), Tiago Mayan Gonçalves (43 ans) pour « Initiative Libérale » (IL) et André Ventura (38 ans) pour la parti nationaliste « Chega » (CH).

Début janvier, une possible convergence à gauche s’est dessinée à l’initiative d’Ana Gomes (PS). Hypothèse à laquelle Marisa Matias (BE) et João Ferreira (PCP) ne se sont pas opposés d’entrée de jeu. Mais les deux candidats se positionnant en défenseurs du monde du travail, la partie n’était pas gagnée. D’autant plus qu’ils n’ont pas la même conception de l’Europe que la candidate socialiste.

La présence d’un candidat nationaliste à une élection présidentielle est une première, et à plus forte raison venant d’un parti créé en 2019. Décrit par l’hebdomadaire « Visão » comme « le parti voulant mettre le feu à la politique », fondé par un transfuge du Parti Social Démocrate (PSD), entrant au Parlement avec 1,29% des voix aux législatives l’année de sa création, ce parti d’extrême droite pourrait, selon certains sondages, ambitionner les 10% aux présidentielles de cette année.

Ce qui le laisse tout de même loin derrière les 63% d’intentions de vote en faveur de Marcelo Rebelo de Sousa. Mais comme l’ont démontré les dernières élections aux Açores, le jeu des alliances peut provoquer des basculements inattendus. Ainsi, la montée de l’extrême droite, appelée pudiquement nationaliste, n’est pas un épiphénomène. Quand bien même il se trouve fragilisé par des tiraillements et courants internes, comme pour « Chega » au Portugal et « Vox » en Espagne, le ventre de la bête est redevenu fécond.

D’où une nécessaire union de la gauche sur la base d’un programme, même si la chose n’a rien de simple et de facile. Elle ne s’est malheureusement pas réalisée, mais ce n’est au moins pas le fait d’une personnalité hyper narcissique, prête aux pires trahisons pour passer avant tous les autres. Les candidatures d’Ana Gomes (PS), de Marisa Matias (BE) et de João Ferreira (PCP) ne servent pas leurs seules ambitions personnelles et les partis politiques les soutenant n’ont rien de gazeux.

Le régime semi-présidentiel de la IIIe République du Portugal, ne donne pas les mêmes pouvoirs au Chef de l’État que la Constitution de la Ve  République en France. Mais, comme nous le verrons dans un prochain article, son rôle n’est pas juste symbolique.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste