Un Asiático, mais lequel ?

Boisson typique de la région de Murcie, l’Asiático existe en plusieurs variantes, rendant ainsi la fixation de sa recette bien difficile.

Parent du Barraquito canarien, l’Asiático murcien conquiert l’Espagne continentale. Foto: Tordo12 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Parent quelque peu éloigné du Barraquito canarien, l’Asiático est très souvent servi dans les cafés et restaurants de Murcie, au Sud de l’Espagne et plus spécialement dans la zone côtière de Campo de Cartagena et de la Mar Menor. Comme le Barraquito, il est composé de café, de lait et d’alcool.

Son origine remonte, selon différentes sources, soit à la Seconde Guerre Mondiale, soit juste à l’après-guerre, mais peu importe la date, puisque tout le monde s’accorde sur le lieu, à savoir le centre historique de Carthagène ! Quant à son nom, il pourrait dériver de « Ruso », trop politiquement incorrect au temps de la dictature franquiste. C’est ce que disait en 2014 Dolores Pagán, la veuve de l’associé de Pedro Conesa Pedrín qui l’aurait inventé en 1947, alors que depuis, une facture remontant à 1940, prouve que 49 ouvriers-paveurs l’ont consommé en 1940, au prix d’une peseta et demie.

D’où, en 2017, le soixante-dixième anniversaire de cette boisson, fêté à Carthagène, car depuis 2010, la municipalité en fait la promotion pour qu’elle devienne emblématique de la ville. En 2011, le peintre Pedro Trillo-Figueroa fut à l’origine de l’exposition intitulée « Quelques manières de boire un Asiático ». En 2018, une demande a été adressée par le parti MC Carthagena, à la Direction Générale du Patrimoine Culturel de Murcie, pour que l’Asiático soit déclaré bien immatériel d’intérêt culturel. Demande rejetée l’année suivante, entre autres aux motifs qu’il ne s’agit que d’une recette traditionnelle exclusivement locale, que ses origines sont floues et la loi comprend « comme biens immatériels », les institutions. Mais la bataille n’est pas terminée, car des recours ont été intentés.

D’autres sources avancent que ce café au lait concentré additionné à l’origine de cognac, était demandé dans les bars de Carthagène par les marins venant d’Asie, d’où son nom. Par la suite, la liqueur Cueranta y Tres, que l’on trouve dans le Barraquito, s’est ajoutée au mélange. Ce qui fait significativement augmenter son degré d’alcool, sauf si, comme cela se pratique dans certains endroits de Murcie, le cognac et préchauffé et flambé.

Ce qui amène à considérer qu’il n’y a pas une, mais plein de recettes d’Asiáticos comprenant plusieurs variantes, rendant leur énumération risquée car non exhaustive. Ainsi, les préparations que vous pouvez découvrir grâce à Javier et Fernando, n’ont-elles pas de valeur absolue. Mais qu’importe, puisqu’en l’espèce, contrairement aux recettes très codifiées, ici, l’esprit prévaut sur la lettre. Et puis tant que vous y êtes, rendez-vous pour quelques minutes à Murcie, où vous découvrirez également que, contrairement au Barraquito, l’Asiático nécessite pour son service un verre particulier

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