Vous arrêterez-vous à Vilar Formoso ?

A un point de la frontière hispano-portugaise, une initiative prend le contre-pied de la tendance générale du trafic routier.

A Vilar Formoso, le passage de la douane n’est plus un arrêt obligé. Foto: FRONTESPO / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Depuis le début du mois de juillet, l’association « Territórios do Côa » et de la municipalité d’Almeida sont à l’œuvre pour que les touristes et les « emigrantes » quittent l’autoroute et se sentent bienvenus au Portugal. Une démarche pouvant sembler surprenante, car en drainant le flux de véhicules automobiles traversant la frontière hispano-portugaise, le dernier tronçon de l’autoroute A62-A25 décharge depuis décembre 2021 l’itinéraire classique.

Surprenante seulement en apparence, car le passage de Fuentes de Oñoro en Espagne à Vilar Formoso au Portugal a une valeur symbolique essentielle, pour « os emigrantes » qui reviennent séjourner au pays. Quant aux touristes, rien n’étant plus sinistre qu’une traversée de frontière par l’autoroute, emprunter un des passages séculaires reliant l’un à l’autre des deux pays de la Péninsule Ibérique, donne inévitablement au voyage une dimension supplémentaire.

C’est suite aux inquiétudes exprimées par les élus et les habitants de la municipalité d’Almeida, dont fait partie le village de Vilar Formoso, que s’est créé, comme le rapporte Luso Jornal, un « centro de acolhimento de todos os emigrantes e de todos os passantes » c’est-à-dire, un centre d’accueil pour tous les expatriés et tous les voyageurs. Ceci afin de maintenir et même développer, l’activité économique du lieu générée par le passage de la frontière.

Pour l’association Territórios do Côa et la Municipalité d’Almeida, l’économie locale ne peut se passer de l’activité issue du transit transfrontalier, mais il importe aussi, tant aux autorités qu’aux associatifs, d’accueillir dignement ceux qui entrent au Portugal. Pour Dulcineia Catarina Moura, la coordinatrice exécutive de l’association, il faut que tous ceux qui passent par là et s’y arrêtent, puissent s’inspirer de ce territoire et s’y sentir comme s’ils étaient des rois, entrant alors au Portugal en commençant par une halte contemplative.

Rien de moins que cela, mais quand on connaît l’amour qu’ont les Portugais pour leur pays et leur sens de l’hospitalité, tout cela est totalement logique. Que le nouveau tronçon d’autoroute dévie le trafic des poids-lourds, voilà une très bonne chose, tant pour la tranquillité que pour la sécurité, mais pour tous les autres, leur entrée au Portugal doit pouvoir se faire dignement.

C’est justement aussi pour cela qu’un « photopoint » sera créé à côté du panneau « Portugal », car la pratique traditionnelle consistant à s’y photographier, va faire partie intégrante de la halte et y être non seulement sécurisée, mais aussi rendue plus agréable par un embellissement du lieu. Une initiative qui sera opérationnelle dès le 22 juillet et rendra plus attractif le passage de la frontière par la N620 espagnole devenant l’IP5 portugaise, plutôt que par l’A62 en Espagne qui devient l’A25 au Portugal.

Beaucoup de touristes ont pour seul objectif de gagner le Sud, pour arriver au plus vite sur les plages. Ce que déplore Dulcineia Catarina Moura, qui espère avec la concrétisation de ce projet de détournement du flux, puisse inciter les arrivants à passer quelques jours à l’intérieur du pays où les offres d’hébergement et de découverte ne manquent pas. Le Portugal ne se résume pas à son littoral, et aussi attirante soit-elle, cette partie agréable du pays ne peut le raconter à elle seule.

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