Sopa de pedra

Une délicieuse soupe, qui démarre avec un caillou.

Déguster une « sopa de pedra », en ignorant son histoire, la rend infiniment moins savoureuse. Foto: Adriao / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – La soupe au caillou, que l’on cuisine traditionnellement en Moselle, en ajoutant un galet de rivière biconvexe aux légumes qui mijotent, a son pendant au Portugal sous le nom de « sopa da pedra ». Une recette remontant selon la légende, à l’époque de l’occupation arabo-musulmane de la Péninsule Ibérique. C’est dans le district de Santarém, à Almeirim, ville d’aujourd’hui un peu plus de 34.000 habitants, rendue célèbre par son melon, le « Melão de Almeirim », qu’aurait été cuisinée pour la première fois la « sopa de pedra ».

Selon l’historien José Hermano Sareiva, un moine probablement franciscain, venant de Santarém, aujourd’hui capitale du district du même nom, se serait arrêté à Almeirim, localité distante d’environ sept kilomètres. La population étant très pauvre et n’ayant alors pas de soupe à donner au voyageur, il fit appel aux habitants rencontrés, demandant si quelqu’un pouvait cuisiner chez lui, une soupe avec une pierre qu’il venait de ramasser sur la place du village.

L’un d’eux le prit au mot, et ils mirent sur le feu un chaudron rempli d’eau, dans lequel le moine jeta la pierre. Cette étrange opération intriguant les villageois, tout le monde se retrouva autour de la marmite, spéculant à qui mieux-mieux sur ce qui allait en sortir. C’est là que le moine les interpella, disant qu’avec un peu de sel, ça serait tout de même bien meilleur. Un spectateur se leva et partit chercher du sel, que le cuisiner ajouta à la «  sopa de pedra  ». Interpellant à nouveau l’assistance, il précisa qu’avec des haricots ça serait encore mieux, puis avec un oignon, des piments, des saucisses, de la coriandre, du laurier, des pieds de porcs.

Tant et si bien que, se levant tour à tour, pour chercher chez eux les ingrédients demandés par le moine, tous les présents purent ensemble déguster une délicieuse soupe, à la réalisation de laquelle chacun avait contribué par un petit don en nature. D’où la morale de l’histoire, affirmant que quand tout le monde donne un petit coup de main, les choses les plus impensables deviennent réalisables. Un état d’esprit que l’on retrouve dans la communauté portugaise, notamment de la diaspora des « emigrantes ».

Pour réaliser une « sopa de pedra », il faudra, outre un chaudron, contenant un galet et de l’eau salée, des oreilles et des pieds de porc, du « chouriço de carne », du « chouriço de sangre » ou sa version séchée et fumée appelée « moira », du choux, des haricots rouges, des pommes de terre, un oignon, une gousse d’ail, de huile d’olive, du cumin moulu, de la coriandre, du laurier. Mais plusieurs variantes existent, avec pour constante, la « pedra » sans laquelle la soupe perdrait alors son nom.

Sur se chaîne youtube « Cozinhamor », Lina Leiria explique en une dizaine de minutes, sa « sopa de pedra » qualifiée à juste titre de magnifique recette traditionnelle portugaise. Sur le même hébergeur, Carole, une brésilienne qui découvre le Portugal, raconte dans sa série  « Vem comigo, me acompanha! », par une vidéo très bien illustrée, l’histoire de la « sopa de pedra ». Si vous avez une quarantaine de minutes devant vous, allez vous réchauffer devant le brasero de « Cocina Portuguesa » pour y voir mijoter cette délicieuse soupe.

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