Un Président et un président…

Le Président Sánchez recevait le président Macron à Barcelone, alors que plus d’un million de Français manifestaient dans la rue le 19 janvier dernier...

Un Homme d’État et un homme dans tous ses états... Foto: Pool Moncloa / Fernando Calvo / Ministry of the Presidency, Government of Spain / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Alors que jeudi 19 janvier, plus d’un million de ses compatriotes étaient descendus dans la rue pour manifester contre une réforme des retraites dont 68% de Français ne veulent pas, alors que pour cette raison et bien d’autres encore, la France se transforme en poudrière, le président de la République Française Emmanuel Macron célébrait à Barcelone, l’amitié franco-espagnole, répondant à une invitation du Président du Gouvernement d’Espagne Pedro Sánchez Pérez-Castejón. Une invitation ne se refusant pas, mais dont le Président Sánchez aurait parfaitement compris et peut-être même souhaité, qu’elle ne soit pas instrumentalisée par le président Macron pour se faire valoir.

Chassez le naturel, il revient au galop, disait le poète latin Horace au Ier siècle avant notre ère. N’est pas un Horace cornélien qui veut, au XXIe siècle de notre ère et encore moins un ex-banquier d’affaires se targuant d’un devoir patriotique. Porter les couleurs d’un pays en bandoulière en refusant d’entendre ses concitoyens, n’a absolument rien de démocratique, et les autocrates n’ont pas forcément une mine patibulaire. Or, pour faire bonne figure, le président français s’y entend à merveille, ne reculant devant aucun reniement. Ceux qui n’ont pas de parole gagneraient à se taire, mais paradoxalement, c’est eux qu’on entend le plus.

Ainsi a-t-il bien fallu que depuis la Catalogne, le président français fanfaronne quant à sa réforme des retraites. Des rodomontades d’autant plus ridicules, qu’il était l’invité d’un véritable homme d’État : le Président Sánchez, qui depuis 2018, a porté de nombreuses avancées sociales dans son pays. Or, qu’à fait Emmanuel Macron en France depuis 2017, à part accroître les dividendes des actionnaires et favoriser les milliardaires en surfant sur la vague du Covid-19 à grand coups de slogans du genre « Nous sommes en guerre ! » ou « Quoi qu’il en coûte ! » ? Alors que du côté des Gouvernements Sánchez I et II, c’est une autre partition qui s’est jouée.

Devenue, en 2021, leader européen du congé de paternité, l’Espagne a, de 2020 et jusqu’aujourd’hui, mené la lutte contre la pandémie de Covid-19 en préservant au mieux les populations. Mieux encore, alors que la facture d’électricité monte en flèche en France, menaçant ainsi de faillite ménages et artisans, elle baisse de 20% en Espagne. Lançant avec le Portugal ce que les observateurs nomment « la solution ibérique », les deux pays ont, l’automne dernier, dérogé aux règles européennes, sous le regard intéressé de la France. Mais en France, les intérêts d’officines privées revendant à prix d’or l’électricité produite par EDF et acheté à bas coût, doivent continuer à faire des bénéfices !

Lorsque Emmanuel Macron et ses ministres parlent de lois sociales, il s’agit de lois de type SARL, non de législation en faveur de leurs concitoyens des classes moyennes et populaires. Le pouvoir macronien s’est, en 2017 et 2022, hissé au sommet du pays, grâce au péril de l’arrivée de l’extrême-droite à l’Élysée. Pedro Sánchez Pérez-Castejón est un Président qui, dans son pays, n’hésite pas à pourfendre les ténors d’extrême-droite et à les ridiculiser, mais il ne se sert pas du vote nationaliste à des fins de stratégie électorale. Le président Macron ferait bien d’en prendre de la graine, mais il est archi-connu que Jupiter, qui n’a rien à apprendre de personne, n’obéit qu’aux puissances d’argent qu’un tenant de la « deutsche Ideologie » nommait « Das Kapital ». Par ailleurs, habituelle exécutrice des basses œuvres du Kapital, l’extrême-droite n’a rien à craindre du président français ne l’affrontant qu’à fleurets mouchetés.

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